Huit américain : origines, règles et ressemblances avec le UNO

Le huit américain est un jeu de cartes classique idéal pour passer du temps en couple, en famille ou entre amis. Une partie de huit américain est très amusante et ne nécessite qu’un simple jeu de 52 cartes (avec ou sans les deux Jokers), certes son déroulement rappelle beaucoup le célèbre jeu de cartes UNO. Les deux jeux partagent de nombreuses autres similitudes, ce qui n’est clairement pas un hasard. Mais alors, le huit américain serait-il l’ancêtre du UNO ? Découvrons ensemble les origines du huit américain, ses règles et ses points communs avec le célèbre jeu de société de Merle Robbins.

Qu’est-ce que le huit américain ?

Le huit américain est un jeu de cartes qui se joue à partir de 2 joueurs, et jusqu’à 8 joueurs maximum. Ce qui fait la particularité du jeu, c’est que certaines cartes déclenchent des effets qui peuvent influencer le cours d’une partie. Le nom du jeu est d’ailleurs une référence à sa carte la plus puissante : le 8.

L’ancêtre du huit américain est le Crazy Eight, un jeu de cartes traditionnel américain très populaire dans les années 40. Le jeu aurait été importé en Europe par des soldats américains entre 1944 et 1945. Beaucoup de variantes régionales ont ensuite vu le jour. La plus célèbre est naturellement le huit américain, l’adaptation française du jeu. À son tour, le huit américain donnera naissance, dans les années suivantes, à plusieurs autres variantes comme la crapouille.

Les règles du huit américain

Pour lancer une partie de huit américain, vous devez posséder le classique jeu de 52 cartes avec deux jokers, et bien sûr connaître les règles du jeu. Sans tarder, découvrons le but du jeu et comment y jouer.

Objectif du jeu

Chaque joueur reçoit au hasard 8 cartes en début de partie. L’objectif du huit américain est de se débarrasser de toutes ses cartes le plus vite possible. Chacun d’eux dépose dans ce but, durant son tour, une carte de même couleur ou de même valeur que celle posée par le joueur précédent. Cependant, les choses prennent vite une tournure intéressante quand les cartes spéciales entrent en jeu.

Notons que dans le langage des jeux de cartes, le terme couleur ne fait pas référence au rouge ou au noir, mais désigne les quatre familles de cartes : Trèfle, Carreau, Pique et Cœur. La valeur, quant à elle, correspond au rang ou à la puissance d’une carte au sein de sa couleur, allant généralement de l’As au Roi en passant par les cartes numérotées.

Cartes spéciales

Au huit américain, il n’existe pas de hiérarchie entre les cartes, mais certaines déclenchent des effets particuliers lorsqu’elles sont jouées. Ces cartes, appelées cartes spéciales, sont au nombre de six.

• 8 : C’est la carte spéciale la plus emblématique et la plus puissante du jeu. Un joueur peut la jouer n’importe quand, sur n’importe quelle carte sans se soucier de la couleur ou de la valeur demandée. Il gagne aussi le droit de choisir la couleur qui sera jouée ensuite.
• Joker : Le joker peut être joué à tout moment comme le 8. Le joueur qui l’a posé choisit la couleur à jouer et impose une pénalité au joueur suivant. Le malheureux devra piocher 5 cartes et sauter son tour.
• As : Le joueur suivant doit impérativement jouer un As ou, s’il est chanceux, un 8 ou joker. S’il n’a aucune carte correspondante en main, il pioche deux cartes du talon et saute son tour.
• 2 : Aucune carte ne peut être jouée en réponse au 2, même pas un 8 ou un joker. Le joueur qui suit pioche simplement deux cartes et termine son tour.
• 7 : Lorsque cette carte est jouée, elle oblige le joueur suivant à prendre une carte au hasard dans la main de celui qui l’a joué. Le jeu se poursuit ensuite normalement.
• 10 : Cette carte change le sens du jeu. Le joueur qui la pose rejoue immédiatement en respectant la couleur ou la valeur du 10. Si le jeu se déroulait dans le sens horaire, il passe alors en sens antihoraire, et inversement. Lors d’une partie à 2 joueurs, le changement de sens n’a aucun effet : le joueur qui a posé le 10 rejoue simplement.

Déroulement d’une partie

Les joueurs prennent place autour d’une table comme bon leur semble. Pour désigner le donneur (celui qui distribuera les cartes), chacun reçoit une carte distribuée au hasard. Le premier à tirer un Pique devient le donneur de la manche. Rien n’oblige cependant à suivre cette méthode. Un joueur peut spontanément se proposer comme donneur.

Une fois désigné, le donneur bat les cartes, les fait couper par le joueur situé à sa droite, puis distribue huit cartes à chaque participant, une par une et dans le sens des aiguilles d’une montre. Les cartes restantes forment ce qu’on appelle le talon, que l’on place bien au centre de la table.

Le donneur retourne ensuite la première carte du talon et la pose juste à côté : cette carte, appelée la bergère ou la carte de départ, constitue la base de la pile où chaque joueur déposera ses cartes. Si cette carte retournée est un 8 ou un Joker, elle est replacée dans le talon et une autre carte est tirée à la place.

Le jeu peut alors commencer. Le joueur assis à gauche du donneur ouvre la partie en posant une carte sur la bergère, à condition qu’elle soit de même couleur ou de même valeur. Le joueur suivant en fait de même, et ainsi de suite.

Chaque joueur a quatre possibilités durant son tour :

1. Jouer une carte de même couleur que la carte visible sur la pile.
2. Jouer une carte de même valeur, même si la couleur est différente. Par exemple, s’il y a un 5 de Carreau sur la pile, il peut poser un 5 de Trèfle. Attention : cela change la couleur demandée, qui devient ici Trèfle.
3. Jouer un 8 ou un Joker. Ce sont des cartes spéciales qui peuvent être posées à n’importe quel moment, peu importe la couleur ou la valeur en jeu. Elles permettent en plus de choisir la couleur à suivre pour les prochains tours. Attention cependant à la carte spéciale 2.
4. Piocher une carte et passer son tour, s’il ne peut ou ne souhaite pas jouer.

Conditions de victoire et fin de jeu

Durant la partie, chaque fois qu’un joueur pose son avant-dernière carte, il doit annoncer "dernière carte" (et oui, comme au UNO). S’il oublie et qu’un autre joueur le signale avant que le tour ne continue, il doit piocher deux cartes en pénalité.

Le jeu se termine lorsqu’un joueur parvient à se débarrasser de toutes ses cartes. Il est alors déclaré vainqueur. Les autres joueurs reçoivent des points en fonction des cartes qu’il leur reste en main, ce qui permet éventuellement de désigner un second.

Les points donnés par chaque carte sont les suivants :

• 8 ou joker = 50 points
• As, Roi, Dame, Valet et 10 = 10 points
• Autres cartes (2 à 9) = leur valeur nominale

L’objectif est d’avoir le moins de points possible. Le joueur qui se débarrasse de toutes ses cartes obtient automatiquement 0 point. Le second est celui qui totalise le moins de points parmi les autres joueurs.

Exemple de déroulement d’une partie de huit américain

Simulons une partie de huit américain entre trois joueurs fictifs : Clara, Floride et Chris. Clara se propose spontanément comme donneuse. Elle bat les cartes, tend le paquet à Floride pour qu’elle le coupe, puis distribue huit cartes à chacun dans le sens des aiguilles d’une montre. Le reste des cartes forme le talon, placé au centre de la table. Elle retourne la première carte du talon : un 5 de Cœur, qui devient la bergère ou carte de départ.

C’est à Floride de commencer, car elle se trouve à gauche de Clara. Elle regarde ses cartes, repère un 5 de Trèfle et le pose directement. Comme elle a joué une carte de même valeur, la couleur demandée change : on joue désormais en Trèfle.

Chris joue ensuite un As de Trèfle, une carte spéciale qui oblige Clara à jouer aussi un As. Clara n’a pas d’As en main, mais se sort de cette mauvaise passe en jouant la carte ultime du jeu : un 8 de carreau. Elle annonce ensuite "Pique", changeant ainsi la couleur du jeu. Le jeu se poursuit ainsi dans la bonne humeur, jusqu’à ce que Clara annonce "dernière carte". Sa victoire est à portée de main.

Le UNO, héritier du huit américain : ressemblances et différences

Il est temps d’élucider le lien entre le huit américain et le célèbre jeu de société UNO. Comme son ancêtre le Crazy Eight, qui a donné naissance à une multitude de variantes, le huit américain a lui aussi connu des évolutions au fil du temps.

Parmi celles-ci, la plus marquante reste sans doute l’UNO, considéré comme la version modernisée et commerciale du huit américain. Ce jeu mondialement connu a été inventé en 1971 par Merle Robbins, un coiffeur de l’Ohio, à la suite d’une simple dispute familiale autour des règles du huit américain. Pour mettre fin aux débats, Merle simplifie les règles, crée un jeu original avec ses propres cartes colorées, et en imprime 5000 exemplaires pour les vendre dans son salon de coiffure.

Face à l’enthousiasme grandissant, le jeu est racheté quelques années plus tard par un groupe d’investisseurs, puis par l’entreprise Mattel, qui le rendra célèbre à l’échelle internationale. Issus tous deux du Crazy Eight, le huit américain et le UNO partagent de nombreuses similitudes, mais présentent aussi leurs différences. Pour mieux visualiser les points communs et les différences entre ces deux jeux cousins, voici deux tableaux comparatifs.

Conclusion

Le huit américain est un jeu traditionnel qui, malgré les années, n’a rien perdu de son charme. Facile à prendre en main, il se joue en famille ou entre amis, avec pour seul matériel un jeu de 52 cartes. Bien que son célèbre cousin, le UNO, ait conquis de nombreux foyers, le huit américain reste une excellente alternative. Il est tout aussi divertissant et surtout plus accessible si vous n’avez pas un paquet de cartes UNO sous la main. Maintenant que vous en connaissez les règles, pourquoi ne pas lancer une petite partie ? Mais attention : n’oubliez pas d’annoncer "dernière carte" !

Sources

• Le livre des jeux de cartes, de Dominique Michele
• 🔗 Les règles officielles du UNO